« Si je répondais non, je mentirais. » Interrogée sur la difficulté à recruter des femmes sur sa liste aux élections municipales, Sylvie Brot est sans langue de bois : « J’ai rapidement eu le nombre et la diversité des hommes pour être sur la liste. Pour les femmes, il a fallu convaincre. »
Cette mère de deux enfants, professeur agrégée de biologie à l’Université Paul-Sabatier a été investie par La République En Marche pour mener une liste à Ramonville-Saint-Agne, près de Toulouse, face au maire sortant Christophe Lubac.
Pour rappel, dans les communes de plus de 1000 habitants, la loi impose que les listes soient composées d’autant de femmes que d’hommes, avec alternance obligatoire entre une femme et un homme.
Dans une commune comme Ramonville-Saint-Agne, qui compte aujourd’hui plus de 14000 habitants, « la parité ne vient pas naturellement », poursuit Sylvie Brot. D’autant que d’autres considérations sont à prendre en compte afin d’obtenir une variété de profils sur une liste : l’âge, la situation professionnelle, le quartier…
Autre difficulté une fois élue, relève Sylvie Brot, la parité s’applique ensuite à l’élection des adjoints au sein du conseil municipal : « Les charges et les responsabilités qui incombent à un adjoint peuvent faire peur. L’auto-censure est le principal frein de l’engagement en politique pour les femmes. Elles craignent de ne pas pouvoir tout gérer, avec leur vie professionnelle et leur vie familiale déjà intenses. Il y a aussi un manque de confiance dans leurs propres compétences. »
Toutefois, la tête de liste pour la République En Marche a bouclé sa liste. « Ces femmes ont entre 21 et 65 ans, elles ont des parcours variés (assistante sociale, ingénieur agronome, auto-entrepreneuse, cartographe, employée, sportive de haut-niveau, retraitée, femme au foyer, enseignante…) », détaille Sylvie Brot. L’une de ses colistières, Ruth, dit vouloir « apporter un autre regard sur la politique municipale ». Une autre, Marie-Annick, désire « aborder des préoccupations complémentaires à celles des hommes ».
Pour attirer les profils féminins, Sylvie Brot s’est engagée, auprès de sa liste, à « cadrer les horaires et la durée des réunions », « à ne pas mettre de réunion ou conseil pendant les vacances scolaires », à « répartir les délégations selon les compétences » et non de manière « genrée »… Et d’ajouter : « La parité ne vient pas naturellement, il faut donc une politique volontariste pour que la démocratie soit juste et représentative. Cela passe par les quotas mais pas seulement… Ne cantonnons pas les femmes à des portefeuilles comme l’éducation ou le social, par exemple, au détriment des finances ou de l’urbanisme ».
Actu Toulouse, 19 Janvier 2020